Description
“Combien de cathédrales méritent d’exister ? La question vient d’être posée par Jean-Léger Tuffeau, responsable du Patrimoine au Ministère de la Culture. Ces bâtisses, pour la plupart laides et sans intérêt, constituent un gouffre financier sans fin, de ravalements en restaurations, qui les transforment en chantiers permanents. En super héros de l’administration, prompt à économiser les deniers publics, Tuffeau imagine un geste radical : il faut détruire 70 cathédrales sur les 170 que compte la France pour ne conserver que les plus dignes.“
Non, ce n’est pas la réalité mais un scénario tragi-comique que Laurence Cossé a imaginé en 2005 dans un roman intitulé “Le mobilier national”, paru aux éditions Gallimard. Évidemment, un tel “geste” reste inconcevable en France et nos cathédrales, fleurons de l’art sacré et étendards de la culture et du tourisme ne peuvent être soumises à pareil oukase.
Pourtant, comme nous l’apprenons dans le dossier consacré à la restauration de la cathédrale de Toul, c’est bien en 2005 que les travaux de restauration de cette dernière – et de nombreuses autres en France – s’arrêtèrent faute de percevoir les crédits initialement promis par l’État. – Et si Laurence Cossé avait raison !
Si, à notre époque toute éprise de rationalité, nous nous mettions à « gérer » les Monuments Historiques, non comme des trésors du génie des hommes, mais au travers de tableaux financiers des experts ?
Si les travaux des plus prestigieux philosophes tel Régis Debray, parlant d’“abus monumental” et de “pétrification du territoire”, servaient demain à justifier les analyses des meilleurs audits ? Si, nous oubliions que ces bâtiments sont simplement les témoins d’une histoire commune, révélateurs de technique ou d’art souvent oubliés…
Si nous oubliions qu’ils ne sont pas seulement des témoins figés mais servent à développer fierté et spécificité des territoires…
Pourquoi craindre alors de faire passer le roman dans notre vie ordinaire ! Bien des soucis seraient alors écartés. Fi de l’embouteillage des dossiers dans les services de l’administration, fi de la polémique sur la régionalisation des dépenses culturelles, fi des budgets.
Pourtant les travaux de restauration à Toul ont bien repris et ce dès 2006 et devraient se poursuivre jusqu’en 2011, pour rénover les murs et la remarquable chapelle renaissance des évêques !
Gageons que cette bonne nouvelle pour Toul sera partagée encore longtemps par de nombreux autres monuments.
Bonne Année.
Stéphane Wieser