Description
Une enfance en Lorraine
Fin 1916… le conflit s’enlise. Déjà deux années que les soldats de part et d’autre de la frontière sont enterrés dans des conditions inhumaines. S’observent à presque pouvoir s’entendre, se parler parfois ! Deux années d’horreurs déjà… et nous savons que ce n’est pas fini…
De chaque côté de la frontière, une autre guerre se fait. À coups de propagande, les gouvernements français et allemands cherchent à mobiliser les forces, à convaincre la population civile, à maintenir le moral des peuples… vaille que vaille.
À l’arrière du front, d’autres batailles se jouent visant à conserver le moral des troupes et du pays.
Et là, les enfants font l’objet d’une attention toute particulière. Une attention qui n’est pas neuve et qui a commencé dès la veille de la déclaration de guerre, comme l’atteste les directives aux instituteurs du ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, Albert Sarrault : « … dans chaque classe, la première
parole du maître aux élèves hausse le cœur vers la patrie, et que la première leçon honore la lutte sacrée où nos armées sont engagées. »
Mais la guerre ne pénètre pas l’univers des enfants qu’à travers l’école, elle est partout, dans la vie quotidienne bien évidemment, mais aussi dans les jeux et les jouets.
Cette attention, cette propagande n’est pas propre à la guerre de 1914, bien sûr et le sentiment nationaliste attisé par la défaite de 1870 et l’annexion de l’Alsace-Moselle a eu des conséquences bien réelles sur l’éducation des enfants de l’époque. Chaque pays, de part et d’autre de la frontière, s’appuyant sur l’apprentissage d’une langue et d’une histoire nationale, espère, soit permettre une assimilation apaisée, soit flatter l’esprit de revanche et de résistance d’une génération.
C’est marquée par cette histoire singulière que s’inscrit la figure de l’enfance, entre XIXe et XXe siècle. et nous avons souhaité la traiter dans notre dossier. Nous aurons aussi l’occasion de développer, dans de prochains numéros, d’autres époques et d’autres spécificités.
Bonne lecture.
Stéphane Wieser